Le silence en musique
Un monde nous sépare.
Les uns des autres.
C'est cela le silence : l'espace entre nos vies.
Un absolu en fait.
La musique entretient un rapport ambigü avec le silence et c'est pourquoi je l'aborde, sans être exhaustif ni précis, surtout comme une réflexion sur le manque de silence de la musique actuelle, faite surtout de ficelles et de noeuds.
Où est le silence ?
Comment ferions-nous donc pour mesurer le silence ? Nous en sommes bien incapable. Le bruit de nos outils expérimentaux serait toujours une nuisance à la juste mesure. "Silence, on mesure le silence !" Elle est bien bonne... Vous êtes-vous déjà trouvé dans le silence d'une salle ou d'un studio insonorisé ? On se retrouve face à soi-même et ses battements de coeur. La vie est faite de bruit et de fureur, semble-t-il.
Il se trouve dans l'espace !
Nos téléscopes le traquent au delà de notre univers. Les sourds savent peut-être où ils se cachent. Hélas ils ne peut se révéler par la parole, forcément. Alors... A défaut de le trouver à l'extérieur, il parait qu'on peut le chercher à l'intérieur.
Pause / Soupir.
Et même demi-soupir. Si le silence était Dieu, la musique serait son ange.
La musique pourrait être une approche du silence. En tout cas, elle ne le laisse pas indifférent. Elle est capable de l'étouffer comme de le sublimer. Elle cherche à le disperser mais ne peut se permettre de le laisser échapper. Elle le rythme même et croit le mener par le bout du nez. Elle cédera au final, c'est inéluctable.
Le silence est une longue respiration
Il est essentiel de pouvoir écouter des musiques laissant une place au silence et à l'espace. Un oud qui s'envole. Un tambour qui trébuche. Une main qui se tend.
La progression musicale même se fait par une prise de conscience de la nécessité de ralentir le tempo pour maîtriser l'espace entre deux battements, c'est à dire pour se sentir bien dans le silence. A défaut de constituer une recherche, ce doit être au moins un bien-être.
Pourquoi faire ressortir le silence dans la musique ? Pour mieux faire ressortir les sentiments qui la composent. Ne jamais en mettre trop. Plus les années passent et plus le musicien se rend compte que le silence compose la simplicité. En enlevant ceci, que cela donne-t-il ? Du dynamisme, c'est certain. Aérer les phrases musicales donne du jeu à la musique.
Où est l'essentiel que je l'entoure de silence.
Même dans l'harmonie, il constitue une richesse. Le silence d'une note confère un désir plus grand de l'entendre (certains même croit l'entendre). Suggérer plutôt que livrer comme une pizza.
Le silence est un ami
Quivou Veudubien.
Article repris en août 2015 - (Auteur : Dominique Prévost / Avril 2004)
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